
Cette maison n’était pas simplement vaste, elle était infinie aux yeux de l’enfant que j’étais. Ses corridors s’étiraient comme des chemins sans fin, où je me perdais volontairement pour mieux redécouvrir la magie de l’inattendu. Chaque porte ouverte était une promesse d’exploration, un passage vers une nouvelle aventure intérieure. Et pourtant, malgré cette immensité, je ne ressentais jamais la peur de l’égarement. Au contraire, cette sensation d’être à la fois perdue et protégée est restée gravée en moi comme un mécanisme d’autodéfense & une rare adrénaline, douce et réconfortante.
Le sol était couvert de mosaïques, un tapis de couleurs et de formes géométriques qui transformaient les pièces en galeries d’art silencieuses. Je me souviens des matins lumineux où la lumière traversait les fenêtres, dansant sur les carreaux et projetant des éclats d’ombres mouvantes. Ces mosaïques m’ont appris, inconsciemment, à voir la beauté dans les détails et à comprendre que chaque fragment a sa place dans un ensemble plus grand.
Mais la maison n’était pas seulement un lieu ; elle était un témoin. Elle a vu mes premiers rires, mes premières questions, mes premiers rêves. Elle portait l’écho des voix de mes grands-parents, leur sagesse tissée dans l’atmosphère comme une tapisserie invisible. Les arbres qui entouraient la maison, majestueux et anciens, semblaient être des gardiens silencieux, veillant sur ce microcosme sacré.
Quand je ferme les yeux aujourd’hui, je peux encore sentir l’odeur des étés passés là-bas, un mélange de terre chaude, de roses, de jasmin et d’herbes fraîchement coupées. Ces souvenirs ne sont pas seulement des fragments du passé ; ils sont des piliers de mon identité. Ils nourrissent chaque œuvre que je crée, chaque couleur que je choisis, chaque texture que je façonne.
Cette maison des deux hectares n’était pas seulement un lieu de vie, mais une source inépuisable d’inspiration. Elle m’a appris que l’art réside dans les connexions invisibles, dans les liens entre l’espace, les émotions, et les souvenirs. C’est là-bas que j’ai compris que créer, c’est reconstruire ces morceaux épars du passé pour leur donner une nouvelle vie.
Chaque fois que je me plonge dans une création, que ce soit une pièce textile, un motif pictural ou une mélodie, je reviens dans cette maison. Elle est toujours là, au cœur de mes œuvres, comme une boussole intérieure qui me guide, un espace où tout est lié et où chaque chose trouve son sens.